Notre époque
apparaît, pour l’instant en tout cas, comme en butée. On assiste à un essor
prodigieux vers la nouveauté, au niveau technologique, au niveau politique,
social et culturel. Notre monde a changé en quelques décennies beaucoup plus
que, à certaines époques, en plusieurs siècles. Ce renouvellement touche et
entraîne le monde entier, qui se met, avec plus ou moins de facilité, plus ou
moins de bonheur, à l’unisson. D’un autre côté on perçoit un malaise, qui
correspond, dans le meilleur des cas, à une sorte de nostalgie et, dans le
pire, à une révolte, au sens le plus pur du terme, une ré-volte, une volte-face.
Au niveau le plus pacifique, cela se manifeste
par exemple dans la mode, dite « rétro », qui ne s’exprime pas
seulement dans le domaine vestimentaire, mais dans le mobilier, les voitures,
dans un certain design dont les arrondis propitiatoires semblent vouloir faire
oublier les aspérités d’une réalité sans concession. C’est une aspiration à un
retour en arrière, comme si on voulait consolider le lien avec une époque qui,
de notre point de vue, paraît plus calme, plus sûre, plus confortable parce que
confortée encore au sein de traditions bien établies. Notre époque est fragile
et l’homme le ressent parce qu’il ne se sent plus enraciné, mais ballotté au
gré de la nouveauté. Le fil qui le relie à la terre paraît bien frêle pour
résister à cette bourrasque qui souffle dans tous les domaines, qui bouleverse
et emporte, et qui est nécessaire pourtant, parce que c’est par le vent, dans
le brassage, que les choses se purifient. Il faut bien que les feuilles tombent
à l’automne pour qu’apparaisse au printemps un feuillage nouveau.
Le radicalisme est la face sombre de cette
nostalgie. On voit renaître, dans cette période pourtant de grande ouverture,
les vieux fantômes du racisme, du sectarisme, de l’intolérance. Races contre
races, pays contre pays, quartiers contre quartiers, religions contre
religions. Chacun agresse pour se défendre, par peur de disparaître, réduit en
poussière comme ces barres d’immeubles que l’on fait imploser, et qui
s’écroulent, entraînant dans l’effondrement du béton des vies et des vies par
centaines, gravées patiemment dans le fil des jours et brusquement lâchées dans
un vide terrifiant. La culture de l’affrontement a-t-elle d’autre cause, au
fond, que l’impérieux besoin de se sentir exister ? Le monde s’uniformise,
et en s’uniformisant, fait croître cette peur de disparaître, individuellement
ou collectivement. On constate à tous les niveaux une terrible distorsion entre
la nécessité de s’unir et la crainte de se perdre : montée des
autonomismes, revendication des particularismes, difficultés de la construction
européenne, les exemples sont multiples. La peur est là, comme si le fait de se
lancer dans le futur impliquait inexorablement la rupture avec le passé.
Période délicate, qui touche l’humanité au plus
profond dans sa part émotionnelle, irrationnelle. On a beau savoir que
certaines options sont nécessaires, qu’on ne peut pas revenir en arrière, qu’on
ne peut pas ne pas aller dans le sens du courant, des réactions malgré tout, de
mille manières, se font jour : réactions de peur, de réserve, de doute,
qui, quand elles ne provoquent pas d’agression, freinent. Loin d’être le fait
de quelques exaltés, elles sont significatives d’une véritable détresse. C’est
là sans doute que les organisations traditionnelles, parce que justement elles
sont censées avoir résolu, par nature, le délicat problème du passage d’hier à
demain, ont un rôle à jouer pour que cette transition si complexe s’effectue le
mieux, le plus sereinement possible. La tradition templière, plus
particulièrement, est concernée par cette mission : elle s’épanouit, nous
l’avons vu, dans les périodes de transformation. Dans les situations de nœud,
elle est là pour accompagner le déliement afin que le nouvel élan se fasse dans
la clarté, dans la confiance. Elle a pour fonction d’œuvrer pour que les
intrications se résolvent et que reste la ligne, fluide, subtile et silencieuse,
qui relie sans heurts le passé au futur et nous offre un présent pacifié.
Depuis l’aube de l’humanité l’histoire s’écrit.
Comme dans un texte qui se déroule, à chaque paragraphe
nouveau on fait un retour à la ligne. Il faut quitter un développement et
repartir, et, pour cela, à la fois se recaler par rapport à une marge et faire
un saut, ce petit vide qu’est l’alinéa, pour entrer de plain pied dans le
paragraphe suivant ; s’inscrire dans une continuité, une cohérence, mais
aussi, en s’appuyant sur ce pilier qui lui, ne change pas, montrer que l’on
repart sur un élan nouveau. Ce petit temps de latence entre le retour à la
ligne et le positionnement sur l’alinéa, c’est ce temps-là qui fait problème.
L’humanité, alors, se trouve à la pointe du kairos, moment où tout bascule et où il faut se garder du
vertige et de la chute. C’est pendant ces moments-là, lors des retours à la
ligne, au moment d’introduire un nouveau paragraphe de l’histoire, que les
mouvements traditionnels trouvent toute leur raison d’être. Ce sont eux qui
garantissent la cohérence de l’histoire profonde. L’Ordre du Temple possède en
outre ce caractère particulier de se manifester en ces temps de grands
bouleversements où, plus que jamais, il faut, non pas empêcher le vertige ou la
possibilité de la chute, parce que l’un et l’autre font partie des épreuves de
l’évolution, mais veiller, être là, accompagner, faire en sorte d’aider au
passage : préserver, comme on disait au Moyen-Age, les « chemins de
Jérusalem ».
Les Templiers, dans le passé, ont su être à la
fois des hommes de tradition et des hommes de progrès, impliqués dans le
mouvement du renouvellement, plongés dans le tourbillon, affrontés au vertige
et, en même temps, attachés, comme Ulysse à son mât, à une conviction, à une
Règle, à une tradition, à une initiation. Puissent ceux qui se réclament du
Temple aujourd’hui, qu’ils fassent ou non partie d’un mouvement, vivre en
eux-mêmes cette double acceptation de la permanence et de l’impermanence.
Puissent-ils connaître et éprouver la vertu de ce fil qui va d’hier à demain.
Qu’ils donnent l’exemple, là où ils sont, qu’ils témoignent de la possibilité
de rester en paix dans le mouvement, de rester conscients dans le vertige,
d’être permanents dans l’impermanence. Puissent-ils se rappeler les seules
paroles que prononçait le postulant à l’heure de sa réception, pour chaque
engagement, pour chaque question, cette unique réponse attendue de lui et qui
consistait en cinq mots : « Oil, sires, se Deu plest », Oui,
monsieur, s’il plaît à Dieu.
Ces quelques mots manifestent la pleine
conscience de la difficulté de passer de la mystique théorique à la mystique
pratique, de faire vivre ensemble le moine et le chevalier, et, par là même, la
conjurent. Dans ce « s’il plaît à Dieu » réside toute la force de la
tradition templière, une spiritualité qui conjugue le divin et l’humain dans
l’espérance, dans la foi et dans l’amour.
Le seul rituel que nous possédions de l’Ordre
du Temple historique est un rituel de réception. Il s’agit de la procédure
conduite pour l’admission d’un frère dans l’Ordre. C’est essentiellement une
suite de questions qui sont posées, dans la tradition de ces catéchismes que
connaissent, d’une façon ou d’une autre, tous les mouvements traditionnels.
Qu’on pense par exemple au Catéchisme des Akousmatiques pratiqués dans les
milieux pythagoriciens, aux Lamelles d’Or des Orphiques placées dans les tombes
des adeptes, aux catéchismes maçonniques, au catéchisme chrétien. La fonction
de ce « questionnaire » est, dans tous les cas, de s’assurer que le
postulant est pleinement conscient de ce à quoi il s’engage. Acceptations,
renoncements, toutes ces obligations qu’on ne voit pas dans le feu de
l’enthousiasme et dans l’innocence de celui qui croit savoir mais ne sait pas
encore, le rituel de réception dans l’Ordre du Temple le souligne, le détaille,
le martèle, sans concession. Ôter l’écorce, dévoiler un instant le dedans des
choses, la vérité du quotidien, telle était la fonction de l’initiateur qui
pouvait être un simple commandeur comme un grand dignitaire, officiant selon le
même rituel et avec la même capacité initiatique dans une chapelle de campagne
comme dans le grand temple de la Maison Chêvetaine. Appartenir à l’Ordre du
Temple pouvait apparaître enthousiasmant, voire séduisant, et c’était là un
risque pour la sauvegarde de l’authenticité de la tradition templière.
« Etes-vous bien sûr de vous ? », « avez-vous bien pris la
mesure des choses ? », dirions-nous avec nos mots d’aujourd’hui. L’insistance
avec laquelle l’initiateur pousse le postulant dans ses retranchements laisse
percevoir le soin que mettait l’Ordre dans son recrutement : le but,
apparemment, n’était pas de « faire du nombre », mais d’accueillir et de former des
personnes de qualité, à la personnalité forte et en même temps suffisamment
mûre pour assumer les exigences de la Règle et de l’accomplissement de la
mission, « les duretés qui sont au-dedans », pour reprendre les
termes du rituel.
Toutes ces questions, si elles devaient être
posées aujourd’hui, ne le seraient certes pas de la même manière dans la mesure
où elles ne feraient pas appel aux mêmes références culturelles. Nous ne sommes
plus au Moyen-Age. Le chevalier d’aujourd’hui ne vit plus dans ces
châteaux-forts qu’on voit encore à Chypre et au Moyen-Orient, ni dans ces
fermes dont les vestiges émaillent encore aujourd’hui nos campagnes. La
chevalerie, aujourd’hui, est avant tout un état d’esprit, qui se vit aussi bien
dans les banlieues que dans les immeubles cossus, dans les locaux high-tech des
multinationales que dans les bureaux anonymes, les ateliers ou les bâtiments
agricoles. Le Temple n’a plus de croisade à soutenir, plus d’engagement
monastique à prendre au sens propre du terme. La « croisade »
aujourd’hui est d’un autre ordre et, s’il faut traduire en termes actuels la
garde des chemins de Jérusalem, on peut y voir surtout le souci de la
préservation du droit des hommes à progresser sur leur propre chemin
d’évolution.
Le catéchisme templier se composait d’une
quinzaine de questions et c’est surtout la teneur de ces questions que l’on
analyse habituellement, mais le plus remarquable tient sans doute au fait que,
quelle que soit la question, la réponse, elle, est unique. « Oil, sires,
se Deu plest », « Oui, monsieur, s’il plaît à Dieu ». Qu’on ne
s’y trompe pas, il n’est pas question ici de sire au sens royal du terme. Dans la langue du Moyen-Age, le mot sire est l’équivalent de monsieur, lequel est d’ailleurs directement transcrit
de messire. Cette
réponse-là, on pourrait la faire de la même façon aujourd’hui. Sa simplicité
étonne et émeut. Dans l’esprit du Temple, on s’engage d’homme à homme, d’âme à
âme, chacun, initiateur et initié, laissant s’exprimer à travers ses paroles la
part la plus noble de lui-même sans qu’il soit besoin de quelque décorum.
Ces cinq mots, répétés ainsi à chaque question,
renferment l’essence même de l’engagement templier : un oui simple, un oui
total, un don de soi sans ambiguïté, mais un oui humble qui n’oublie pas que,
quelle que soit la sincérité de l’engagement, quelle que soit la volonté qu’on
ait de tout mettre en œuvre pour le respecter, le résultat demeure dans la main
de Dieu. L’esprit du Temple se révèle en grandeur et misère et toute sa force
tient dans l’acceptation, mais une acceptation positive, dynamique, sans
affectation ni restriction, sans crainte ni désespérance. Loin de réduire
l’homme, elle le grandit dans la conviction de sa capacité à faire au mieux, à
« être plus », sans pour autant céder à l’orgueil de se croire le maître des
destinées. La note particulière de cet engagement tient à cette confiance
mutuelle entre soi et Lui, ce lâcher-prise qui ne contraint pas mais qui, au
contraire, libère et permet à l’acte de se déployer, non selon la vision
étroite de l’humain, mais dans la plénitude de la sagesse du divin.
Nous sommes là déjà dans une formulation
lapidaire de ce qui apparaît comme la devise de l’Ordre : « Non
nobis, Domine, non nobis, sed nomini tuo da gloriam », qu’il convient de traduire au plus près pour en percevoir
toute la puissance. La version française la plus couramment utilisée de nos
jours est : « Pas pour nous, Seigneur, pas pour nous mais pour la
gloire de ton nom ». Il y a là cependant un gauchissement du sens qui en
fausse profondément la signification : le texte en effet ne dit pas
« pour la gloire de ton nom », ce qui signifierait que c’est l’humain
qui choisit d’agir ainsi pour glorifier Dieu, mais « à ton nom donne la
gloire », ce qui rend à Dieu le soin de sa propre glorification. Ce qui
peut apparaître comme une simple nuance engage en réalité sur une tout autre
voie. L’initiative de l’action ici revient à Dieu et non à l’homme. Dans la
droite ligne de l’engagement pris lors de la réception initiatique, l’homme
apporte sa détermination à agir au mieux de ses possibilités, mais c’est Dieu
qui choisit la nature et l’impact de l’action ; de même, si ses vœux le
portent à la fois vers la réussite et vers l’humilité, l’homme abandonne à Dieu
le choix de la façon dont cette réussite va se manifester : c’est Lui qui
décide en dernier ressort. L’humilité est un vœu, mais la plus grande humilité
consiste à abdiquer cette humilité même, s’il le faut, devant le vouloir de
Dieu. Saint François d’Assise, contemporain de l’Ordre du Temple et porté lui
aussi vers une spiritualité de type chevaleresque, avait trouvé un nom à cette
conception de l’humilité : la très-haute pauvreté. Le Templier, comme le
Franciscain, s’engage, s’il plaît à Dieu, non seulement à être pauvre, mais à
être pauvre de sa pauvreté même, pauvre au point de tout accepter, y compris la
richesse, y compris la gloire, du moment que Dieu en a décidé ainsi pour la
glorification de son propre nom, du moment qu’« il plaît à Dieu ».
La grandeur et l’efficacité d’un tel état
d’esprit est qu’il permet, en principe, de s’adapter à toutes les situations,
d’accepter tous les rôles, y compris ceux qui pourraient sembler contraires aux
vertus supposées du Templier. L’essentiel est de faire et de faire bien, et en
tout cas au mieux. Le reste appartient à Dieu. On pourrait craindre que cet idéal
ne s’apparente de trop près à une autre conception qui, a priori, manque
singulièrement de grandeur et qu’on peut résumer par un proverbe trop
connu : la fin justifie les moyens. Rien de tel cependant n’apparaît
possible dans le Rituel de Réception ni dans la Règle. Tout acte au contraire
passe par le filtre de la communauté de sorte que rien ne se fait, ou du moins
n’est censé se faire, sinon au nom de l’Ordre tout entier, lequel se garantit
lui-même d’éventuels abus par le respect de ses propres institutions.
« Ils font tout ce qui leur est commandé par leur supérieur, écrit Saint
Bernard, et ce que réclame le bien de la communauté [1] ».
La mobilité des Templiers, qui demeurent rarement très longtemps au même
endroit, constitue une autre protection contre la tentation de s’écarter de la
Règle pour faire ce qu’on croit le mieux et qui permettra de parvenir à la fin
qu’on vise. Au Temple, les habitudes n’ont pas le temps de s’installer de sorte
qu’un comportement abusif ne peut y persister longtemps sans être découvert. La
rectification s’opère d’elle-même et le retour dans l’axe ne se fait pas
attendre. Cette perpétuelle mobilité était le gage d’un renouvellement
permanent, d’une transmission permanente des savoirs et des pouvoirs, et
offrait la meilleure garantie contre les excès auxquels la nature humaine
s’affronte même au sein du service le plus désintéressé.
C’est probablement l’une des idées-forces du
Temple que d’avoir cherché toujours à faire s’équilibrer entre elles
impermanence et permanence, mais cette idée n’est pas nouvelle. C’est cette
même philosophie qui sous-tend la mystique du kairos que nous avons évoquée à plusieurs reprises, et
celle-ci s’épanouissait déjà six siècles au moins avant notre ère. Ne
serait-elle pas encore aujourd’hui une réponse à ce malaise qui se ressent si
fort à l’heure actuelle entre l’identité de ces valeurs profondes que chacun
perçoit d’un bout à l’autre de la planète et l’extrême diversité de la façon de
les traduire en idéaux et de les mettre en œuvre ? Impermanence et
permanence sont le lot de l’incarnation et faire de l’un ou de l’autre une
priorité ne saurait logiquement constituer une réponse durable ni une base
véritablement constructive. Blaise Pascal, au 17ème s., parlait
aussi de ce « renversement continuel du pour au contre [2] »
qui fait toute la richesse et la grandeur de l’esprit humain. Misère et
grandeur, esprit de géométrie et esprit de finesse, la solution n’est jamais
dans le choix de l’un sans l’autre, de l’un au détriment de l’autre, mais dans
notre capacité à remettre chaque fois le fléau de la balance à zéro pour peser,
encore et encore, remettre en question, encore et encore, chercher, pour chaque
voyage, un chemin nouveau.
Suivre une voie n’est guère facile, mais
accepter de vivre ainsi une perpétuelle remise en question de la voie pour une
efficience meilleure, c’est-à-dire une « non-voie », est sans nul doute plus
difficile encore. L’Ordre du Temple, en son temps, avait la réputation d’être
un ordre exigeant et le souci par rapport à la perception de cette exigence
transparaît dans les termes mêmes du Rituel de Réception. Rien n’y est négligé
en effet pour mettre le postulant devant la réalité de l’engagement templier,
bien loin de cette fameuse « écorce » a priori bien tentante. Pour
ajouter encore à la difficulté, les Templiers n’avaient pas le droit, aux
termes de la Règle, de quitter l’Ordre sinon pour un autre plus rigoureux
encore et les quelques frères qui l’ont fait n’en ont guère trouvé
d’autre que celui des Chartreux de Saint Bruno. A l’inverse, tous les Templiers
étaient obligés de changer de maison, de quitter les frères qu’ils aimaient,
les fonctions qu’ils occupaient, le pays où ils vivaient, chaque fois que les
besoins de l’Ordre l’exigeaient. Contrairement à la plupart des ordres
religieux où l’on fait vœu de stabilité au monastère, les Templiers
s’engageaient à ne pas connaître la stabilité sinon au sein de l’Ordre
lui-même, avec pour seule exception le choix d’intégrer un Ordre plus
rigoureux. L’équivoque se maintient tout au long de la vie des frères entre
permanence et impermanence, entre action et acceptation, et peu de choses sans
doute sont aussi difficiles à vivre dans la durée que ce balancement perpétuel
entre « oui, monsieur » et « s’il plaît à Dieu ». Si
difficile que puisse être cette démarche, elle repose cependant sur des
principes mystiques universels. L’un des plus grands mystiques de la Perse,
contemporain des Templiers, écrivait en effet ces paroles qui aujourd’hui plus
que jamais résonnent au cœur des cherchants :
« Tous les hommes voudraient cheminer sur la route de la
Connaissance.
Cette route, les uns la cherchent, d'autres affirment qu'ils l'ont
trouvée.