Daimôn est un mot grec qu'on a aujourd'hui bien du mal à traduire, et peut-être surtout à comprendre. Ce n'est pas un personnage au sens strict du terme. C'est bien davantage une notion. L'écrin à notre mesure d'un joyau qui ne l'est pas.
Le démon que certains lui ont substitué, croyant sans doute respecter le vocable grec, n'en ont gardé que la forme, vidée de toute substance. Pire, gauchie dans sa substance. Car pour nous un démon ne peut être que mauvais. On a beau nous dire que Socrate, dont nul ne songe à contester l'intelligence et la probité, avait son daimôn, cela ne suffit guère à nous éclairer sur la nature de ce curieux compagnon.
La notion de daimônest trop complexe, ou plutôt trop subtile pour être expliquée en termes rationnels. On ne l'aborde jamais mieux qu'à la manière des Orphiques, par petites touches. Ecoutons ce que les Anciens, qui sont les mieux à même de nous le dire, parce que c'était leur langue et leur culture, ce que ce mot signifiait pour eux. Ce qu'il pourrait signifier pour nous.
Faute de vraiment le comprendre, on peut tenter d'appréhender le daimôn. Mais rappelons-nous ce qu'écrivait Jamblique le pythagoricien : "La grandeur d’un daimôn n’est pas toujours perçue semblable à celle d’un autre daimôn par ceux qui la contemple."