Nous avons la chance de posséder le texte de
la Thèse de Médecine soutenue par Bernard Raymond Fabré Palaprat devant le jury
parisien le 29 fructidor an XI. Elle a été publiée en effet, comme il était
d’usage, sous le titre : Considérations générales sur la péripneumonie.
La page de couverture décline le parcours
universitaire de l’étudiant : « Docteur de médecine de l’Ecole de
Caen, ancien élève de celle de Montpellier et de l’Ecole pratique de Médecine de Paris ».
Lorsqu’on s’intéresse essentiellement à Fabré
Palaprat, Grand Maître de l’Ordre du Temple, on peut considérer que l’aspect
purement professionnel du docteur Fabré est de peu d’intérêt. Si, pour faire
bonne mesure, on est peu versé dans le jargon médical, sans parler du contenu,
on peut être tenté de laisser ce genre de document de côté. Pourtant, ce n’est
pas difficile. Le langage scientifique de cette époque est bien moins abscons
qu’il ne l’est aujourd’hui. Un glossaire a été prévu pour faciliter la compréhension
du vocabulaire médical spécifique. Un index des personnes permet de situer les
nombreux auteurs dont, conformément à la tradition des thèses qui vaut encore
aujourd’hui, il est convenu d’émailler le discours. La transcription facilite
de beaucoup la lecture qui, sur le document lui-même, se révèle très difficile
et parfois hasardeuse en raison de la mauvaise qualité de la typographie.
Ce document a une valeur inestimable, ne
serait-ce que parce qu’il est le premier témoignage direct que nous ayons de
son auteur. Il contient en germe tout ce que Fabré Palaprat n’est pas encore
mais va bientôt éclore et qu’il développera toutes ces années au service à la
fois de la médecine, de la recherche et de la spiritualité.
C’est le 16 septembre 1803 que fut soutenue
cette thèse. En juin 1804, suite à la démission de Radix de Chevillon, régent
de l’Ordre, il était appelé à la fonction de lieutenant-général d’Amérique.
Quelques mois plus tard, le 4 novembre 1804, il était élevé à la dignité de
Grand Maître. Il n’avait que trente et un ans.
Il faut toujours s’efforcer de tout lire,
parce que dans toute chose existe un chemin vers plus de connaissance, plus de
compréhension. Les mystiques anciens appelaient cela le kairos : la grâce de l’instant. Il est en effet dans la thèse de Fabré
quelques phrases qui expriment particulièrement l’état d’esprit que conserva
tout au long de sa vie et dans tous les domaines cet homme au parcours
atypique :
Ce
n’est pas à moi de me prononcer, mais j’ai bien de la peine à croire que cela
puisse être.
Puissent
mes efforts [leur] faire excuser la faiblesse de mes moyens !
Pertimui,
fateor, nactusque hoc litus adhaesi.
J'ai
pris peur, je l'avoue, puis ayant trouvé ce rivage, je m'y suis fixé.
(Ovide, Métamorphoses 14, 440).